Guidé par un éclectisme tout terrain, Nohjo nous a délivré le 14 février Story Tape 1. Un projet surprenant au rapport des précédentes sorties de l’artiste nantais. Ce qu’il a cherché à raconter au travers de 5 titres, c’est une histoire. L’idée est simple : on prend la réalité et on l’embellie. De manière romancée on traverse les relations de Nohjo, sans filtres, sans prise de recul : du vif. Comme un exutoire pour le rappeur, Story Tape 1, est un encart de sa vie sentimentale, dans laquelle il nous plonge tout en nous permettant de s’identifier au sein de celle-ci.
La première fois que je le lance, je suis dans ma cuisine, lorsque la journée touche à sa fin et que le soleil entame sa descente. Mais finalement, je n’y suis pas vraiment. Peut-être avec Nohjo à ses côtés, lorsqu’il laisse des messages sur répondeur, en train de l’observer d’un regard d’auditeur. Mais peut-être aussi suis-je déjà complètement ailleurs, dans un lieu chaleureux, ensoleillé, où tout est calme.
Story tape 1, c’est aussi une envie irrésistible de s’exprimer : « Ce projet, je l’ai pas fait pour les gens, je l’ai faits pour moi, j’en avais vraiment besoin, une fois sorti, je me sentais soulagé. Puis le partager et que les gens se l’approprient c’est génial. J’avais envie de les proposer au public. Ça m’a aussi permis de me rendre compte que j’en étais capable, capable de faire de nouvelles choses. »
L’une des grandes forces de ce 5 titres c’est aussi la légèreté, la légèreté et non la simplicité. Cette ambiance estivale, ensoleillé, à l’odeur de bord de mer et à la sensation de chaleur n’est pas une réalisation aisé. Faire ressentir à un auditeur une atmosphère quelle qu’elle soit côtoie la difficulté. Le choix de n’avoir pas identifié visuellement ce projet en permet un échappatoire total, une identification forte : « La légèreté je la travaille, j’essaye toujours d’en faire trop. J’ai beaucoup travaillé en studio pour m’améliorer, beaucoup de maquettes dorment (rire). A partir du moment où le son me plaît, même si il fait peu d’écoutes je m’en fou, je sais que ça va parler à des gens. Aujourd’hui j’ai juste envie de faire ce que je veux ».
Sorti un 14 février, rien a quelque part été laissé au hasard. En 2021, réaliser et sortir un projet teinté d’autant d’amour, de fragilité, de sentiments et de sensibilité n’est pas chose aisée et peu y arrivent. Le dernier en date nous l’avons tous, c’est Luidji. Dans une volonté quelque peu similaire, Nohjo se hisse au dessus de souvenirs partagés à deux et nous les conte sur une rythmique emplit de volupté et de sincérité. Une première partie de son intimité, qui invite la suite à en découler annuellement : « J’ai essayé de faire venir une vague beaucoup plus love. Je l’ai sorti le 14 février, pas pour rien tu t’en doutes, je l’ai pas appelé Partie I pour rien non plus (rire). J’aimerai avoir ce rendez-vous annuel. Chaque année une tape qui traite ce sujet. Peut-être la suite de cette histoire, et puis ma vie de manière générale finalement. Ça me permet de me concentrer sur le reste, sur des titres différents. En ce moment je travaille sur mon deuxième EP qui sortira prochainement. »
Alors que Story pose les jalons de ce qui sera découlé dans les 4 autres titres, il laisse percevoir le sentiment habité par Nohjo, entre coups de téléphone, supplication et échange à sens unique. Puis le titre Jardin arrive rapidement. Mélodieusement très intéressant il retrace la sensation de l’entre deux tours, ce moment où tu commences à comprendre. Les souvenirs jaillissent comme les puits de pétrole de Daniel Day Lewis dans There Will Be Blood, le tout sur fond de voix féminine difficilement perceptible. Puis arrive Eve, l’un de mes titres préféré de la tape. Une voix basse, une mélo sans pareil, se confond sur la production. On laisse alors place à Groopie avec Dehis sur l’effervescence du célibat, les deux amis se connaissant depuis très longtemps et parviennent à se deviner par écrit me confie Dehis : « Notre collaboration ? Feeling en vrai. On s’est rencontré il y a quelques années, on travaille souvent ensemble, on a beaucoup de maquettes de côté. En fait il était chez moi, il enregistrait un morceau, on a mis une prod, moi je voulais dormir j’avais cours le lendemain (rire). On a démarré un passe passe, qu’on a enregistré »
Ils se sont beaucoup amusé à disséminer des vocaux dans le projet pour en former cette suite logique, des enregistrements naturels : « Record quand je parle c’est quelque chose que je fais souvent, là pour le coup on parlait normal et on l’a mixé et on a décidé de le garder (rire). Groupie c’est un peu le titre quand tu sors de la rupture où tu te sens bien, ça concordait parfaitement avec les titres précédents. ». Mais l’une des choses à retenir, c’est que le talent de Nohjo ne compte pas s’arrêter là en 2021 puisqu’il proposera de nouveaux titres à l’écoute dans un tout autre univers musical.