Le temps n’est qu’une dimension de la réalité, il matérialise le changement, lorsque les choses ne cessent de devenir autre que ce qu’elles étaient. Quand on veut tenter de penser le temps, on le revoie aux choses qui changent, qui vieillissent et qui meurent. Le temps, Coelho en a fait la dimension fondamentale d’Un Jour De Moins. Le calendrier qui se raccourcit d’années en années, tel un célèbre auteur français à la fameuse Recherche du Temps Perdu.
Le temps est un monde dans le monde, qui nous accueille sans passeport ni visa, qui prend part de nous et nous emmène dans ses limbes. Voilà presque 10 années que Coelho rappe le sien, qu’il nous compte son existence, sa passion, sa raison de vivre. Mais en 6 projets, il ne sera jamais allé aussi loin dans l’introspection. Pas celle pesante, ennuyante et malaisante, mais de celle qui nous emporte, qui nous libère et nous attrape.
La persévérance face à l’imprévisible n’est pas donné à tout le monde, qu’aurions-nous fait à sa place ? De ses livraisons en vélo décrient dans Yeyo à la sortie de son sixième projet, la route est longue et sinueuse pour qui n’y est pas préparé mais tout porte à croire que Coelho lui , l’était.
L’une des plus belles réussites du rappeur a été de nous embarquer dans son processus de construction de carrière. Titre après titre, on a appris à savoir qui on était à ses côtés. Pour lui, ça a été de ne plus être Hugo et de devenir Coelho. Un long questionnement se forme au fil d’Un jour de moins, comme le sentiment d’une âme errante entre la musique et sa vraie vie.
Rien est plus complexe que la prise de recul sur ce qu’on accomplit. Mais il peut être fier, ils peuvent fière, lui et son frère Beedar à la production de ses projets depuis le début.
Un projet comme ça, on ne le construit pas seul, et du côté instrumental et mixage il a su compter sur Beedar, l’homme derrière 90% de se prods. Ensemble, ils ont su créer une véritable alchimie qui évolue, s’inscrit dans le temps et offre une singularité complète à la musique de Coelho. Enfin, Juxe, ingénieur son du Krumpp Studio a su délivrer la touche finale au projet, la subtilité parfaite pour faire sonner comme il fallait ces 12 titres. Le mixage n’est jamais aisé et donnera la tonalité ultime, qui fera aussi la longévité d’un projet musical, et il y est parvenu.
Le temps c’est aussi ce qui a permit à Coelho de devenir mélomane. Drainant une culture musicale de plus en plus intéressante, nichée, lourde de sens et de références, lui permettant de s’ouvrir et de tester, aboutissant à la signature de refrains très intéressants comme celui du titre éponyme du projet ou encore de Maudit. Connaître la musique c’est aussi savoir avec qui travailler : du surprenant Tuerie à l’excellent IPNDEGO en passant par Juxe derrière le mix et le mastering, sans oublier l’indétrônable Beedar cité précédemment, Coelho construit de plus en plus habilement ses projets jusqu’à parvenir au tant recherché équilibre idéal.
N’oubliez jamais : le monde est à nous.