Voilà un artiste qui perdure et qui ne perd pas en saveur, loin de là. Common c’est l’intensité à bout de souffle, la créativité à son seuil. Voilà presque deux décennies qu’il nous délivre son oeuvre, de la musique à la littérature, du beat-poésie en passant par le Jazz. C’était en 2019 que sortait son projet nommé « Let Love » , il y présenta son talent d’écriture. Dans A Beautiful Revolution, en 7 titres il revient là où il excelle le plus. Il rappelle à l’ensemble de son auditoire qui est le maitre du hip-hop soul, et pourquoi sa musique est unique.
Seul? Non bien entendu. Entouré par Robert Glasper (son associé musical de longue date), mais aussi d’invités, de Black Thought à Lenny Kravitz, et un miracle sonore se produit. Oscillant entre l’intime et le personnel mais aussi la profondeur sociale.
Fallin ouvre le projet. Ce titre vous agrippe le poignet et vous emmène dans l’univers de Common. « Ye already said they see us as black Beatles, Black people, open Hebrews, Let it speak to the saviour inside You’ll see why the world needs you », une poésie renversante dont seule l’écriture de Common a le secret.
Le titre Say Peace arrive juste derrière, avec une interprétation plongée dans la personnification du monde. Courageous relève un caractère sonore peu entendu dans la musique en 2020. Bref rappel en effet par Travis Scott sur le titre Stop Trying To Be Good, Common fait à son tour appel à cet instrument typique du blues, l’extrémité de bras de Stevie Wonder : l’harmonica. Extrêmement bien emmené sur Courageous, rien à envier à un Innervisions de Wonder qu’il n’oublie pas de saluer au passage. Mêlant constamment expérience personnelle et réflexion politique, il entreprend une analyse du processus démocrate américain sur le titre A Place In The World
Et parfois on se retrouve soudainement avec des sonorités latines, une guitare très claire, ronde, typique de la bossa nova et qui tire presque vers le swing manouche. Ce titre est probablement l’un des plus triste et pessimiste du projet, déjà par ce qu’une attitude un peu morose se dégage de la mélodie, et aussi car un sample, sirène de police vient s’y ajouter, le Wu Thang n’est pas loin! Et d’un coup la voix de Lenny Kravitz se fait entendre (artiste complètement disparu de mon esprit depuis 10 années au moins). Brutalité policière, racisme, désespoir, ce titre est une traduction des derniers 18 mois aux Etats-Unis et l’enchainement chaotique qui est survenu.
Don’t Forget a une sensation agréable de 1994, avec un rythme bas compensé par la voix douces de PJ. Une déclaration d’identité et d’appartenance, il efface les ponts avant le mot prononcé: The truth is that the revolution can be small
À une époque dominée par la polarisation et l’opposition, A Beautiful Revolution Pt 1 semble trouver son sens dans l’unité et le mouvement. Bien plus qu’un projet, il contient une musique perspicace, audacieuse et ouvertement belle.