Le 5 avril 2019 les deux frères Tarik et Nabil dévoilaient leur quatrième album et on peut très honnêtement avouer que ça faisait très longtemps n’y avait pas eu autant d’émulation pour un disque de rap français. Alors que quelques jours avant, le 22 mars, ils créaient un moment pop en dévoilant le clip de Au DD (cc @mehid maizi), deux semaines plus tard ils défilaient de façon historique sur les Champs Élysées dans un bus à ciel ouvert, suivit par des milliers de personnes motivées par l’espoir de pouvoir apercevoir, remercier, applaudir leurs champions. Car c’est c’est que ce qu’ils sont.
Bien entendu passons sur la communication incroyable qui a précédée ces événements, le live de 24h sur YouTube combiné à ces ubers à l’effigie de l’album et tentons de nous concentrer sur la musique, ce qui peut paraître compliqué avec une telle communication, mais ce pari est lui aussi réussit.
L’éclectisme et la richesse musicale de Deux Frères est la première chose qui saute aux yeux. Ce qui avait été esquissé par la sortie des 3 singles 91’s, A l’ammoniaque et Au DD est poursuivit sur les 16 titres (puis 22 dans sa forme finale). On perçoit beaucoup de prises de risque artistique avec des morceaux comme Zoulou Tchaing, Chang ou encore Menace mais aussi avec des sonorités surprenantes comme sur Hasta La Vista mélangeant le raï et une forme de reggaetton. On a aussi des morceaux avec de nouvelles couleurs comme Déconnecté qui sonne rock avec sa batterie et sa guitare combiné à une forme spatiale et futuriste.
Enfin, la dernière nouveauté de Deux Frères, c’est la façon dont les rappeurs se livrent comme jamais n’ayant pas peur de dévoiler leurs sentiments les plus intimes avec des titres comme À l’ammoniaque ou encore Zoulou Tchaing ; mais aussi le bilant, le dégoût qu’ils éprouvent pour une industrie qui les aurait broyé comme ils l’expriment sur un titre comme Au DD en parallèle avec la fin de l’album où ils évoquent ce retour à un monde qui semblerait être uniquement celui où ils se sentent libre et heureux comme on l’entend sur l’hymne à la rue La misère est si belle.
Avec Deux Frères, Tarik et Nabil nous offrent quelque chose d’historique, un accomplissement artistique hors du commun et peut être unique dans l’histoire de la musique.