A 41 ans, John Legend délivre son septième album studio : A Bigger Love, quoi de plus réussi pour l’un des artistes néo-soul le plus talentueux de ces dernières années. Artiste accompli, Legend est aujourd’hui compositeur, chanteur et pianiste. Il aura travaillé avec les plus grands, de la pop au R’n’B avant d’élire comme domaine de prédilection un genre oscillant entre hip-hop et soul. Déjà largement récompensé par l’industrie (Grammy pour ses albums studio mais aussi la B.O de Django Unchained ou encore 12 Years A Slave) il n’a plus besoin de l’aval des autres.
Avant de rentrer vraiment dans ce nouvel album, reprenons quelques éléments de sa biographie.
Il entreprend une collaboration avec Kanye, qui à l’époque est déjà immensément reconnue. Par ce biais-là il va intervenir sur le Black Album de Jay-Z. Tout s’enchaine très rapidement pour Legend puisque très vite il ira travailler pour Janet Jackson, Britney Spears ou encore les Black Eyed Peas.
Après un début dans le gospel il vendra quelques disques (publiés sous son vrai nom John Stephens) lors de ses concerts. Mais il est vite repéré pour ses talents de pianiste, mais aussi et surtout de chanteur et producteur-arrangeur. Il va donc être sollicité pour participer à l’enregistrement de The Miseducation of Lauryn Hill et pose sa voix sur le premier single d’Alicia Keys. A partir de là, tout commence.
On a beaucoup de facilité à dire que Kanye l’aurait lancé mais cela reste à nuancer. Durant l’année 2003, le rappeur monte sa boite de production, Legend sera en effet son premier artiste signé. Derrière, une major (Columbia pour ne pas la nommer) lui propose un contrat. Un ami lui conseille alors d’abandonner son nom, Stephens, pour revêtir celui de Legend : on est déjà en train d’écrire quelque chose. En 2004 Get Lifted, son premier album studio remporte trois Grammy dont celui de Meilleur album R&B. Deux ans plus tard il vendra 1 million de disques avec Once Again, la machine est lancée.
Le bigger lover était déjà né, l’homme qui met l’amour en musique. Cette voie, il la prend sérieusement en 2013 avec l’album Love In The Futures (avec notamment Rick Ross, Kilbra, Seal) l’artiste s’inscrira définitivement dans un registre hip-hop soul tinté de glam comme T-Rex pouvait l’être pour le rock trente ans auparavant. Sur cet opus on retrouve également Dave Tozer et Kanye, tous les trois parviennent à réaliser un véritable classique porté par le titre Who Do We Think We Are.
En 2016 sortait Darkness and Light, son sixième album studio en collaboration avec notamment Chance The Rapper (ou comment deux artistes peuvent rentrer dans une symbiose musicale parfaite). En une semaine, il réalisera 12,5 millions de streams.
A Bigger Love : un travail d’orfèvre
Qualifiée en 2020 de néo-soul, la musique de John Legend ne vieillit pas, elle est à chaque titre plus moderne que jamais. L’amour est un sujet infatigable pour lui, il continue de l’explorer chaque jour, à travers chaque morceau. Remplit de métaphore, Legend s’amuse constamment de la langue. Dans le titre Wild, il s’achète une voiture uniquement pour la laisser tomber du haut d’un building pour réellement admirer le ciel. Tel un Tarantino, Legend est arrivé au point il crée des mises en abime de son propre art dans sa musique, faisant un pas de côté et se parodiant lui même. Dans le titre Actions , il met sur papier l’acte même d’écrire des chansons d’amour.
Dans une tradition romantique et fière, il condamne R.Kelly pendant que les autres n’osent évoquer son nom. Il aborde la musique avec toujours autant de rythmique, dans le titre Conversations In The Dark il nous délivre une réelle prière d’intimité, le sentiment écoeuré de l’homme déchu, tel est son crédo?.
Le mixage et les arrangements évoquent un R&B des années 70 voir 60. Une infime précision règne dans cette musique, tout est parfait et colle d’une façon impeccable aux thèmes de l’album.
Le credo est en effet toujours le même, mais à l’instar des Westside Gunn ou encore Freddie Gibbs, pourquoi en changer lorsqu’on est un Jordan dans son domaine?