Si son nom ne vous dit rien, ne vous y trompez pas, vous connaissez Jack Flaag. Devenant l’un des grands producteurs que connaît le rap français dans les années 2016, en signant des instrus pour Booba ou encore YL, Jack Flaag est aussi rappeur depuis son plus jeune âge. Délaissant cette seconde passion au fil du temps, il juge aujourd’hui que l’heure est venu de venir récupérer son dû. En 2020 il ne s’offre pas d’autres choix que celui de percer par ce qu’il le sait, c’est son tour.
Déménageant dans plusieurs pays d’Afrique jusqu’à ses 14 ans, il découvre le rap sur K7 que lui et son frère parviennent à se faire envoyer. Arrivant au Mans dans son adolescence son grand frère, qui commence déjà à écrire, va le pousser à lui aussi s’y essayer. En parallèle il suit des études de graphisme et renforce son immense passion pour les super héros, en passant par les mangas mais surtout les comics. Ce concept d’évolution de divers personnages dans un même univers va le séduire et l’y maintenir, il va y puiser cet imaginaire qu’on retrouvera ensuite dans sa musique. D’ailleurs pour les plus aguerri d’entre vous, vous aurez identifié l’hommage dans le choix de son au héros Jack Flag apparaissant dans Captain America. Le graphisme ne payant pas assez, et ce marché se réduisant considérablement avec internet il tourne presque complètement le dos à ce métier pour se consacrer pleinement à sa vocation.
Il est aujourd’hui reconnu par le public en tant que producteur, et pour cause, il est à l’origine de très grands hits du rap français. Etre beatmaker n’était pas son envie première, il y vient par défaut puisque les prods sur lesquelles il rappe jusqu’ici ne lui conviennent plus. Après la sortie de sa mixtape Héro-persup sur soundlcoud, puis la sortie d’un son par semaine pendant 2 mois, il n’obtient pas les résultats escomptés. Il va donc se dédier à 100% à la production.
Le hasard des rencontres a voulu qu’il puisse un jour envoyer des intrus à Booba, notamment Magnifique (présent sur Trône) mais aussi et surtout D.K.R en 2016. Ce morceau est sans doute l’un des plus gros succès commercial du rappeur. Tout le génie de Jack Flaag se concentre ici : en une prod il parvient à ouvrir un champ totalement nouveau à un artiste présent depuis presque 15 ans à cette époque.
« Quand tu es rappeur, tu l’es toute ta vie »
Ce moment tant redouté finit par arriver, celui de savoir si tu restes un hater tout au long de ta vie ou alors si tu viens récupérer ton dû : Jack Flaag saisit la seconde option. Le 15 novembre de l’année passée il sort Pour la route. Loin de ses titres publiés sur son soundcloud, on ressent expressément l’envie de passer à une nouvelle étape, avec la création d’un univers visuel proche des comics avec lesquels il a grandit. La renaissance de Jack est réussit. Traduisant sa mélancolie et sa solitude, on est séduit par le morceau, évoquant également son désarroi et quasiment une semi existence, comme une inquiétude d’être au monde.
« Et même sans table ronde je me sens comme Arthur Pandragon, c’est moi qui retire l’épée pourquoi c’est eux qui font la fête », le rappeur se questionne lui-même, à ne plus rien y comprendre, pourquoi finalement avec tant de talents il en est toujours là. Puis il revendique sa persévérance « en plus c’est eux qui font la tête, prétextant de faire la trêve, jamais je peux faire la même faudrait que j’sois bien loin de mon glaive », toujours en guerre, contre la concurrence, contre lui même, en 2020 Jack FLaag ne se laisse plus d’autres choix que de percer, par ce qu’il le sait : c’est son tour.