“Montre jamais ça à personne” est le documentaire réalisé par Clément Cotentin, le jeune frère d’OrelSan. Cette série de plusieurs épisodes aux allures de film de famille, revient sur les 20 dernières années de la carrière d’Orelsan, de ses débuts sur Myspace jusqu’à son prochain album.
Nous sommes face à une proposition honnête qui ne cache pas les moments où Orel a eu des problèmes, des doutes ou a subi des échecs. Clément joue même avec le parallèle éculé entre son frère et Eminem, tous deux rappeurs blancs, aucun d’eux ne vient d’une capitale du rap (d’un coté Detroit, de l’autre Caen), tous deux magiciens avec les mots… Clément le voyait lui aussi comme le rappeur de Detroit, tout l’entourage d’OrelSan le percevait également comme ça. Quand Orel est allé faire des battles de Punch-line et qu’il s’est vu sortir au premier round c’était la douche froide, nous ne sommes pas dans 8 Mile et il n’est pas Eminem. De toute façon, le rap français n’a pas besoin du « Eminem Français » le rap français, par contre, a besoin d’OrelSan.
Le documentaire trouve même le moyen d’intégrer une intrigue secondaire avec Gringe. Une sous-intrigue qui est tout aussi intéressante, peut-être même plus touchante encore ! Gringe, celui qui était considéré comme le génie de la bande, celui qui devait percer en premier.. Pourtant il n’a jamais trouvé la motivation de continuer, peut-être même qu’il n’en avait pas l’envie..? Il était prêt à se contenter d’une vie et d’un travail ordinaire. Cependant, Orel n’oublie pas, Orel partage, Orel a vu qu’il pouvait offrir à son ami une opportunité de faire plus. On voit les moments de doute, on voit quand Gringe ne se trouve pas à la hauteur. Il le dit lui- même, il était sous l’aile d’Orel, au chaud, il ne pouvait rien lui arriver de mal et il a décidé de s’en défaire, de prendre des risques avec le cinéma, son album, sa tournée. L’arc narratif qui se déploie autour de Gringe est poignant.
Véritable lettre d’amour à une période passée, une période qui a aussi eu des ratés (peut-être même plus de ratés que de réussites). L’époque de Myspace, l’époque du début de Youtube, MSN, Skyrock.. La nostalgie que l’on ressent face à ces 6 épisodes en fait une œuvre qui va au-delà du phénomène OrelSan, au-delà du hip-hop, une œuvre qui est une vraie capsule temporelle des années 2000. Bien sûr, le documentaire ne s’arrête pas au début du deuxième millénaire, puisque tout le reste de la carrière d’OrelSan y passe, Le chant des sirènes, Les Casseurs Flowteurs, Comment c’est loin, Bloqués, La fête est Finie et même un petit teaser pour son prochain album.
Le documentaire déborde de bienveillance et d’amour pour OrelSan et sa bande. Clément Cotentin nous met à sa place, celui qui croit en son grand-frère, celui qui en est le premier fan, celui qui veut traîner avec son grand-frère et ses potes parce qu’ils sont cools. Comme le dit Clément, Orel est à son sommet non pas quand il choque mais quand il nous touche.
Face à tout ceci on prend conscience qu’OrelSan représente le potentiel endormi en chacun d’entre nous, chaque personne qui a passé un après-midi entier bloqué sur le canapé à rêver de choses plus grandes, chaque personne qui n’a aucune envie de faire un travail alimentaire qui ne l’intéresse pas. Voir OrelSan réussir, c’est voir une partie de soi réussir, c’est pour ça qu’on le soutient.
L’histoire d’OrelSan motive, encourage et inspire. La série documentaire à des allures de Shônen, devenir meilleur face à ses propres démons, face à l’adversité, évoluer, ne pas s’arrêter et continuer. Lorsque l’on prend conscience de tout ça, le documentaire devient une œuvre très inspirante et donne envie de se donner à fond, qu’il s’agisse de musique ou de n’importe quoi.