Rempli de clichés et d’approximations, le fossé entre le rap et la télévision continue de s’accroître.

Ce dimanche était diffusé sur la chaîne M6 un Enquête Exclusive « consacré au rap », nommé « la lutte des clash, quand le rap dérappe », quelle plume!

D’Atlanta à Villetaneuse le « journaliste/fumeur-conducteur d’exception » Bernard De Lavillardière dépeint un milieu artistique qui serait selon ses dires remplit d’armes, de violence, et de sexisme. Le malaise se fait ressentir instantanément et il s’accroît plan après plan, du photographe à l’ingénieur son, en passant par l’artiste lui même, chacun ressent très vite vers quel terrain veut être emmené le reportage. 

Beaucoup d’ingrédients étaient réunis (comme souvent) pour faire ressortir quelque chose d’intéressant. En effet le rappeur Pop Lord  est interviewé « À Atlanta, nos caméras ont pu filmer une Trap House, un lieu de deal de drogue, entre armes et marijuana », il s’agit juste d’une boite où sont testés les nouvelles productions des artistes de la ville.  Le groupe de Villetaneuse CG6 est également interviewé, l’équipe technique de M6 met en place les ingrédients d’une enquête sous haute tension pour présenter le tournage  d’un clip du groupe: une musique sortant de -Faites enter l’accusé- et un vocabulaire calqué sur celui du JT : gang, arme, terreur, intimidation, drogue, dealer, violence.. Une scène d’un clip filmée dans une cave suffira comme vous vous y attendez, pour faire transparaître au montage de l’émission que les rappeurs remettraient en perceptive leur quotidien. 

Le troisième sujet abordé par le programme est celui de la femme dans le milieu du rap, mais bien entendu en se cantonnant aux apparitions féminines dans les clips, sans aucunement faire l’effort d’interviewer des rappeuses, (en France comme aux US) sauf bien entendu quelques mots sur Cardi B mais essentiellement pour préciser son parcours. 

Le numéro se termine sur le traditionnel face à face de Bernard avec des acteurs directement concerné par le sujet:  ici deux personnalités responsables d’une association visant à former aux métiers du rap. On en remet un coup sur la violence et quelques décès aux Etats-Unis pour rappeler le caractère inapproprié de cette musique vis à vis de la société, quelques échanges sans intérêt (puisque les questions de Bernard commence à voler très bas, voir sous terre), avant la fin l’un des deux membres de l’association parviendra à placer le fait que le rap dynamise fortement l’économie puisqu’il représente 600 000 millions d’euros de chiffre d’affaire par an, faisant de ce genre musical le moteur du marché de la musique  par an et qu’en découle bien entendu une forte création d’emplois. 

Rideaux.