Alors que S-PION sort SOUROU-2 vendredi 4 décembre-, nous avons décidé de le rencontrer en amont de la sortie et faire avec le rappeur du 91 un bilan de sa carrière, de sa vie personnelle, de ses choix artistique et musicaux.
Comment tu te sens à quelques jours de la sortie ?
Je ne met pas de pression, je sors ce projet comme ça. Entre le confinement et le covid c’est compliqué. Ça a tout chamboulé, la plupart de mes feats ont été enregistrés à distance avec les restrictions.
Quelle est finalement la différence entre le S-Pion de Sourou 1 et Sourou 2, qu’est-ce qui a changé ?
Sourou 1 je n’ai pas assez pris de risques, je me suis reposé sur mes acquis à la fois musicalement et en terme d’entourage. Sur ce nouveau projet j’ai pris plus de risques avec une grosse ouverture musicale, avec d’autres feats, hors de mon quartier.
Justement tu parles d’ouverture, avant tu étais beaucoup dans des collaborations avec des rappeurs issus du 91, comment se sont passées ces nouvelles rencontres artistiques ?
Il y a deux ans j’ai signé chez Sony, avant ça je ne sortais pas de mon quartier. Cette opportunité m’a fait rencontrer des gens, des beatmakers, les managers de certains artistes. Le monde de la musique s’est ouvert à moi quelque part. D’autres collaborations se sont faites par des rencontres, des bons moments passés, on s’entendait bien et ça c’est fait comme ça, presque par la force des choses.
Et finalement comment s’est réellement opéré le choix des featurings ?
Certains d’entre eux je les écoutais beaucoup, j’ai décidé de les contacter en leur disant qu’un projet se préparait et que je voulais vraiment qu’ils soient dessus. D’autres que je connaissais déjà, j’ai pu les contacter directement et leur proposer. Que ça soit dans la musique ou dehors on se connait bien donc ça s’est fait naturellement.
A côté de ça à la fois dans tes prises de parole mais aussi dans ta musique, on ressentait une réelle solitude, conscientisée. Aujourd’hui on a l’impression que tu es à l’encontre de ça
C’est exactement ça que je veux mettre en avant dans ce projet. Le premier j’étais dans une mélancolie constante, je me suis ouvert au public avec mon coeur et mon esprit, ça restait triste comme période. Pour Sourou 2 j’ai voulu montrer qu’il y avait plus de joie, montrer mon côté bon vivant, qui kiffe la vie.
Jusque’à maintenant tu regardais beaucoup derrière toi, aujourd’hui on a l’impression que c’est le contraire, que tu veux vraiment montrer comment tu es en 2020
Le premier projet je suis sortis de beaucoup de soucis de la vie, j’étais vraiment sincère dans ce projet. Même les sons qu’on pouvait trouver plus légers au niveau des sonorités, malgré moi j’ai pu sortir que des sons remplit de sincérité et de tristesse
Dans tes textes tu as un attrait à l’argent, quasi fondamental dans le rap, mais tu le traites d’une manière consciente
C’est des grosses réflexions, la musique peut changer ta vie. Au débit on ne voulait pas devenir artiste et maintenant on vit de la musique, je suis obligé d’en faire, de sortir des choses.
Tu peux nous parler un peu plus de la signature chez Sony ?
De base j’allais arrêter la musique. Passé une période ça me rapportait pas d’argent, ça allait passer en second plan. Puis l’un de mes amis m’a dit j’ai un producteur à te présenter, je me suis dis que j’allais tenter le coup. Je suis allé le rencontrer on a beaucoup parlé. J’avais envie de quelque chose de nouveau. J’ai beaucoup appris, ils m’ont donné beaucoup de choses, c’était une bonne expérience. C’était entre guillemets un rêve et un aboutissement, la réponse à toute ces années de charbon. Pour ce projet tu as voulu retourner en indé, retourner aux Tarterêts, là où tout a commencé, là où est encré ton vécu. J’ai passé une super année à Sony mais je voulais repartir en indé pour avoir la mainmise sur ma musique.
Ça peut paraître simple comme question, mais le vécu est une dynamique fondamentale dans ta musique ?
Le vécu c’est très important dans ma musique. J’ai vu l’avant la musique et l’après. Il y a des gens quand tu signes ou que tu fais des clips à 1 million de vue ils pensent que ça y est t’as percé, ils ne savent pas qu’il y a un énorme travail derrière, c’est très dur. Plus tu vois dans les gens dans le milieu de la musique plus tu deviens méfiant, il faut faire attention à tout le monde. Heureusement beaucoup d’amis te restent fidèle mais d’autres changent. Il faut rester concentré tout le temps.
Pourquoi l’indé apparaissait comme une évidence ?
Je me suis retrouvé avec mon équipe de base, du début. C’était plus de travail mais ça nous a fait énormément de bien. C’est des titres qui sortent de loin et faits avec des personnes qui humanisent je respecte. Il y a ce retour à l’ancienne pour moi, à mes débuts presque et ça se ressent beaucoup dans le projet.
Il y a des titres dans lesquels tu as pu dire que parfois la musique pouvait te mettre en galère financièrement mais tu persistais dans cette démarche car tu t’y sentais mieux car libre.
Je préfère cette vie, même si il y a des moments où il y a des moments ou c’est bien, d’autres non.
Dans tes textes il y a cette envie de sortir l’irréalité et de ramener tes auditeurs dans le réel
Je suis totalement dans cette optique, dans ma musique je n’arrive pas à mentir. Je suis obligé de raconter ce que j’ai vécu et ce que je vis. J’essaye d’avertir les petites soeurs et les petits frères pour pas qu’il fasse la même chose, j’essaye de mettre en garde entre guillemets, mais pas que les plus jeunes. La vie est traitre, faut faire attention où tu mets les pieds, faire attention à ton entourage, faire les bons choix. Tu sais ber-ton c’est mal, franchement si j’ai un conseil à donner c’est ça. J’ai perdu du temps, ma mère elle a pleuré, j’ai raté énormément d’opportunités. Tu peux raconter des choses aussi intelligentes sans avoir fait de prison. Une certaine partie du rap trouve que t’es plus crédible quand t’as fais de la prison mais non. C’est pas l’image qu’il faut en donner, le rap c’est pas ça.
Ça t’a permit quoi artistiquement ?
La vérité , c’était un mal pour un bien. T’es là bas, enfermé entre 4 murs, tu ne sors que 2 heures dans la journée. Tu es avec ton co-détenu, tu peux ne pas t’entendre avec lui, moi c’était mon cas, ça veut dire qu’on ne se parlait pas dans la cellule, crois-moi ça te fait réfléchir. Tu remets tout en question. Ça te forge quelque part, et tu sais là bas c c’est pas une cour de récré, faut pas déconner avec tout le monde, tu peux te faire mêler à tout moment.
Tu évoques des questions sociales et politiques dans tes paroles. C’est quoi ton rapport à la société ?
Franchement j’ai pas confiance, que ça soit en la politique. C’est bête de se dire ça mais c’est pas mon vote qui va changer quelque chose. Je suis loin de tout ça. Je préfère utiliser ma musique pour transmettre un autre message.
Justement t’as ce contre pied là, ta musique te permet de passer un autre message, plus compréhensif qu’un bulletin.
Exactement, on a la chance de pouvoir toucher un certain public, il y a des choses qu’on peut dénoncer, des choses sur lesquels on peut insister. J’aime mettre une part de conscience dans ce que je dis et être impliqué dan certaines choses. Je fais attention à ce que je dis, certes je raconte un vécu compliqué pour leur montrer où ça m’a conduit, je leur dis regardez j’ai finis dans la merde. Je leur dis c’est une chance de la vie que j’ai pu basculer dans la musique.
Est-ce que la lumière que PNL ont apportés aux Tarterêts t’as été bénéfique ?
La mentalité QLF c’est quelque chose ici. Tu sais ils ont placé sur la carte un département qui n’était représenté pour sa musique. PNL ça reste le début de tout pour moi, être présent sur leurs projets c’était quelque chose et monter sur scène à Bercy avec eux aussi. Cette mentalité QLF moi je sais que j’applique dans mes choix de carrière, de direction, je m’en suis imprégné, ça fait partie de moi et plus généralement ça fait partie du quartier.