Considérée aujourd’hui comme une actrice majeure de la photographie mondiale, Vivian Maier va demeurer inconnue au fil de sa vie, ce n’est qu’en 2009, à sa mort que l’ensemble de son travail sera révélé.
Tout commence, ou se termine, en 2007 lorsque John Maloof achète à Chicago, aux ventes aux enchères, des cartons remplis de photographies, de films non développés ou encore de négatifs. Peu à peu, après de nombreuses fouilles, il acquiert d’autres lots à d’autres enchérisseurs. En 2009, il découvre par un avis de décès l’identité de la photographe : Vivian Maier.
Puis tout s’emballe très rapidement. Entre photos sur internet, expositions, documentaire, livre et actuellement une expo au Musée du Luxembourg. Mais tout ceci n’a finalement pas résolu le mystère qui entoure la photographe. Des recherches généalogiques ont permis de reconstituer une enfance désagrégée entre une mère peu présente et un père complètement absent. Elle vécut à Chicago et New-York, où elle réalisera sûrement les plus beaux clichés de son anonyme carrière, sachant saisir à la fois les différences sociales, la ségrégation raciale, en utilisant la beauté formelle ou encore l’humour.
On ne peut pas nier qu’elle a développé au cours des années un syndrome d’accumulation puisqu’elle entassait les films non développés, des tonnes et des tonnes de journaux ou encore des clichés virtuels, tout ceci envahissant ses pièces de vie ou les multiples garde-meubles qu’elle avait en location.
En parallèle, elle exerce la fonction de garde d’enfants, et ce pendant des décennies, déménageant alors très régulièrement. Elle devient rapidement une chroniqueuse de la famille américaine de la classe moyenne.
Les photos retrouvées, pour la plupart en miniatures, de par leur impression chronologique, balisent finalement le parcours des différents stades de la vie de la photographe. Il en est de même pour les autoportraits qui témoignent des états moraux de Vivian Maier.
Son œuvre paraît néanmoins complexe à classer, car elle n’a jamais exercé de sélection, de recadrage, ou encore d’indications de tirage. Ainsi, en l’absence de consignes, les photographies de l’artiste ne peuvent alors être vues qu’à travers les choix des personnes ayant découverts son travail, puis des commissaires d’expositions, des éditeurs ou encore des conservateurs. Et en allant un peu plus loin, elle, qui n’avait jamais dévoilé son œuvre, méritait-elle qu’on le fasse à sa place ?