Vortex : la violence d’une lente agonisation

On est bien peu de choses face à la douleur de la fin de l’existence, une fois que le temps est passé et qu’il ne reste que des livres, des affiches, des VHS et une poignée de médicaments. 

Là où le réalisateur Gaspard Noé nous avait habitué à une violence des mots, une violence physique, plongée dans la drogue, l’alcool ou encore le sex, Vortex part loin de ces sujets (bien que l’addiction rejailli d’une certaine façon). C’est peut-être néanmoins le long-métrage le plus violent du réalisateur.

Chacune de ses œuvres demeure une expérience, parfois traumatique pour certains spectateurs. Ici, Vortex se place sur un tout autre curseur. Sans vous en dire trop, il s’agit de l’immense complexité de la fin de l’existence, de la fin d’un amour, d’une tendresse, d’une vie. Mettant en avant des procédés de montage et de cadrage pertinents à la fois techniquement, mais aussi et surtout du point de vue du scénario, Gaspard Noé expérimente encore et toujours, proposant constamment deux niveaux de lecture, allant de la vision qu’on a des personnages, mais aussi dans l’application sur le réel qui les entoure, la façon dont ils perçoivent différemment leur fils, leur environnement. 

Cette dégénérescence amorcée quelques minutes après le lancement du film tient des promesses au-delà de ce qu’on pourrait y voir, c’est-à-dire la façon dont une fin de vie peut tellement raconter de l’existence de quelqu’un. 

Une atmosphère irrespirable embaume la salle obscure durant les 2h15 de Vortex, appuyée par l’immense Françoise Lebrun et le grand Dario Argento littéralement dégoulinants de crédibilité dans leurs rôles respectifs. On peut également compter sur un Alex Lutz impressionnant dans le fils, élargissant encore la palette de ses possibilités de jeu. 

Enfin, si on creuse après l’aspect physique, on entr’aperçoit la déchéance d’une relation amoureuse, tourmentée depuis bien des années, traversée par un travail, une autre vie, un environnement complexe. Mais celle-ci nous délivre tout de même de très beaux moments d’une étrange complicité, d’une routine, perdant au fil du film toute beauté telle la rose de Françoise Hardy. 

Si vous en avez l’occasion courrez le voir. Projeté dans seulement 50 salles en France on peut espérer qu’il rejaillisse dans quelques mois dans d’autres cinémas…