Rencontre avec NKP

«  Le rap reste une passion, si ça marche tant mieux, si ça marche pas on continue. 
Aujourdhui on fait ce quon fait, demain on verra ce que ça donne  »


Basé à Paris, NKP sortait  il y a quelques mois son projet Blue Cheese, faisant suite à Vega, son premier projet sortit l’année passée. Malgré les mois passés depuis son EP, son actualité musicale n’a pas cessée puisque depuis le mois dernier il démarrait les NKPSULES. En septembre il nous bluffait avec le titre Seedorf sur une production drill et pas plus tard qu’hier le titre Glacial sortait sur son instagram. Chez DYPE on a décidé qu’il était temps de partir à la rencontre de cet artiste  à l’écriture singulière. 


Forcément on va passer par des questions larges balayants l’ensemble des spectres de ta personnalité, et donc nous allons commencer par ton enfance, quel est ton premier contact avec la musique? 

En arrivant en France en 2008 j’ai commencé à me familiariser avec la musique d’ici. 
En grandissant je me suis fait vite pas mal de potes qui m’ont fait découvrir leurs univers musicaux. Par rapport à ça j’ai découvert Rohff, c’est réellement le premier rappeur que j’ai connu et c’est réellement de là que tout est partit. Par mimétisme on a essayé de faire comme les grands et à se mettre au rap. A cet âge-là j’ai entre 12 et 13 ans et je commence à écrire.


Comment tu pourrais qualifier la première musique que tu composes? 

On ne va pas se mentir au début c’était nul. On écrivait et on rappait  a capella, c’était plus pour le fun, les paroles tournaient autour de choses qui n’étaient pas notre vie finalement. 
Puis par la suite j’ai formé un groupe avec un ami du collège et c’est là qu’on s’est décidé à rentrer de manière plus conséquente dans le rap, les sons sont d’ailleurs toujours sur un vieux disc dur. J’utilise encore certaine des phrases de cette époque dans mes textes d’aujourd’hui, des références que seul moi peut comprendre.


A quel moment de ta vie tu prends le rap plus au sérieux et que tu mets en oeuvre des choses dans ta vie pour tendre vers cet objectif ? 

Au début le rap on faisait ça seul, puis vers l’âge de 15 ans on a découvert une maison de quartier où il y avait des activités, des ateliers d’écriture le jeudi soir, et on s’y est rendu. 
L’animateur était en fait un ancien rappeur dans les années 90 et qui plus tard a décidé d’aider les jeunes au travers du rap. 
Il a considéré qu’on avait un petit talent et du coup ça m’a conforté et j’ai commencé à prendre ça plus au sérieux. On n’avait pas de réels retours avant, mais le fait qu’il s’intéresse à nous ça nous a boosté. 


L’an dernier tu sortais Vega, on peut quasiment parler de ton premier projet. A la fois très ambitieux, textuellement, musicalement, tu peux nous expliquer un peu comment tu l’as abordé et construit? 

J’avais sorti des petites mixtapes sur HauteCulture avant, quand le site existait encore… Après ça, je me suis dit que je pouvais passer un cap et proposer un projet vraiment construit. C’était finalement la première fois qu’on allait proposer un vrai projet, ce qui veut dire travailler avec d’autres personnes et ça nous a pris finalement 2 ans. Vega est un projet « ambitieux » à cette époque-là mais finalement j’en suis pas très fier… Je considère qu’on a trop tardé pour le faire,  certains titres ont été enregistrés en 2017 notamment, ça a le temps de vieillir et finalement

De nombreux choix ont été opérés, dans le tracklist, le ton de l’album, les prods? 

Il y a des artistes quand ils font un projet, ils enregistrent 30 morceaux en en gardant 11, je suis dans une démarche inverse. Quand je choisis le nombre de sons qui vont le composer, je vais en réaliser autant et essayer de ne rien jeter. 

@eva_useille



Est-ce que tu comprends quand je te dis que je considère ce projet comme hivernale? 

Oui bien sûr (rire). Pour commencer quand on voit la cover, ça lance déjà un projet froid. Au début il ne devait pas partir dans cette direction. J’ai vécu des choses dans cette période qui m’ont influencé.. Chaque son est quelque part une expérience que j’ai eue, à partir de tout ça on a mis en place l’ambiance du projet. 

De manière générale, autour de ta musique, il y a un caractère spatial, a trait à l’astronomie  qui se dégage, d’ailleurs Vega, c’est le nom d’une étoile, tu peux nous expliquer un peu ce choix et au de là de ça ton rapport à l’astronomie? 


Depuis que je suis enfant je m’intéresse beaucoup à l’astronomie. A l’époque je faisais beaucoup de recherches  pour trouver le titre de mon projet et je suis tombé sur Vega. 
C’est une jeune étoile, la comparaison résidant dans le fait que je suis jeune, elle brille beaucoup, la cinquième la plus brillante du ciel et c’est ce dont j’ai envie. 
L’idée sous-jacente est qu’à tout moment l’étoile peut exploser et partir en supernova donc si tu suis le schéma je dois faire ce que j’ai à faire avant de partir. 

Il y a, au sein des titres, beaucoup de références culturelles. Est-ce que c’est des choses éléments qui t’ont marqué dans ta vie et que tu veux replacer dans ta discographie, que ça puisse les encrer quelque part. 

Il y a de ça. Vang Gogh pour l’exemple, c’est un peintre que j’aime beaucoup, et en 2018 j’ai eu des problèmes d’audition durant lesquels je n’entendais plus que d’une oreille, les gens de ma classe m’appelaient donc comme lui. J’ai conservé cette idée puis j’ai trouvé ça intéressant de comparer ça au fait que je ne voudrais plus entendre les conneries des autres rappeurs allant alors jusqu’à me couper l’oreille. 

Les choses que je vis qui m’inspire.

Il se passe quasiment un an et demi jusqu’à la sortie de Blue Cheese, construit vraiment très différemment de Vega sur beaucoup d’aspects, comment as-tu démarré la composition de ce projet? 

Vega était un test pour se prouver que par nous-mêmes on pouvait faire un projet construit. Le challenge était alors de se dire : on fait un projet cette fois en un an vis-à-vis de l’expérience que j’ai pu acquérir. 

De base j’étais fermé musicalement, plus basé du côté textuel que mélodique et quelque part je critiquais beaucoup les rappeurs  qui pouvaient faire des morceaux où la mélodie était plus travaillée que le texte. Mais à la fin de l’année 2019 j’ai voulu m’ouvrir musicalement, notamment en écoutant bien plus d’artistes, notamment Larry qui m’a beaucoup inspiré.

@eva_useille





L’idée du projet Blue Cheese m’est venue l’an dernier. Je travaillais au McDo en job étudiant et j’adorais manger le Blue Cheese aux pauses et le reste de l’équipe trouvaient  ça vraiment dégueulasse. Ils avaient beaucoup tendance à me taquiner avec ça et l’idée est venue là. J’ai alors dit à une de mes collègues « juste par ce que vous critiquez je vais faire un projet qui va s’appeler Blue Cheese ». Je m’y suis tenu.

Je l’ai conçu comme une carte de visite à l’inverse de la démarche sur Vega, en me disant que je n’avais pas envie de trop me recentrer sur cet univers musical. Sur 9 titres il y a 9 styles. J’ai travaillé avec Killian qui a été quelque part chargé de la direction artistique depuis son home-studio. Il m’a beaucoup aidé sur la direction du projet, il est à l’initiative de la composition du projet. De manière générale je trouve des types beat sur YouTube puis je trouve un beatmaker en lui proposant de s’inspirer de ce type beat pour créer son propre son. 

Il y a un morceau sur lequel je trouve tu es réellement sortis de ta zone de confort, il s’agit de Shego, tu peux nous parler un peu de ce titre? 

Le morceau Shego de base parle d’une méchante dans l’animé Kim Possible, c’était quasiment mon crush quand j’avais 6-7 ans. Je suis partis de cette idée et à la suite de ça j’ai eu envie de tenter quelque chose de différent vis-à-vis de mes productions précédentes. J’ai longtemps cherché une voix féminine pour le refrain et un jour un ami me montre Liyun. Je trouve sa voix géniale, je la contacte, et quelques jours après  j’ai pris un covoiturage de Paris direction Cholet. Je suis arrivé chez elle à 10h00, on a directement travaillé et on a tout rec en une journée. 

@eva_useille






On va parler un peu du morceau Seedorf. Quelle est la stratégie derrière ce nouveau format à savoir un freestyle posté sur Instagram et allant dans un style quasiment à l’opposé de ce que tu avais pu sortir jusqu’à présent? 

On a eu une sorte de buzz à la suite de Blue Cheese, je me suis dit : capitalisons directement, faisons une série de freestyle, 5 exactement, un par mois. Pour le premier, rendre hommage à Seedorf me paraissait intéressant et presque important, cest un très grand joueur.  La comparaison avec la drill cest de se dire que sur ce type de prods pour bien les appréhender il faut être vif et bien placé : Seedorf cest exactement ça. 

Le sport fait partie intégrante de tes références, le foot et la NBA sont deux thèmes que tu invoques souvent.

Depuis que je suis jeune le sport fait partie intégrante de ma culture. On parlait de Seedorf juste avant, c’était un joueur quon suivant beaucoup avec mon père. Aujourd’hui je me sens obligé envers moi-même den parler, ça fait partie de mon style, placer une référence à un sport reste quasiment une obligation. 

@eva_useille





Tu peux nous dire un peu plus sur les 4 prochains freestyles? 

Pour le moment les freestyles postés sur Instagram sont en constante évolution. Lidée nous est venue fin août. Seedorf nous a pris pas mal de temps, jai écrit le morceau, puis studio, et ensuite le lendemain on a fait le clip, et le lundi on le sortait. On essaye de rester dans quelque chose de kicker. Ça fait partie des remarques quon me renvoie beaucoup au sens où je serais bon kick donc on écoute les gens et on évolue en fonction. A la fin des 5 freestyles cest possible de les réunir ensemble sur YT mais il n’y aura pas de projet précis pour les contenir, pour les plateformes ça restera en single.

Qu’écoutes-tu aujourdhui et comment ça tinfluence? 

Chaque vendredi jenregistre quasiment lintégralité des sorties. Avant j’écoutais uniquement ce qui me plaisait aujourdhui je vais chercher des choses ailleurs, ça reste très important pour linspiration. En ce moment je suis sur du Népal. La symbolique est incroyable lorsqu’on prend en compte son destin. J’écoute beaucoup Freeze également, Damso aussi. Cest un artiste qui minspire beaucoup, lun des meilleurs albums quon a pu entendre cette année, je valide beaucoup son avancement et à présent il me touche musicalement.

Comment tu te vois le rap dans les années à suivre  ? Quelle est ton ambition et jusquoù tu veux porter ce projet? 

Le rap reste une passion, si ça marche tant mieux, si ça marche pas on continue. 

Aujourdhui on fait ce quon fait, demain on verra ce que ça donne.