Summer Walker, le temps d’un EP

L’année passée était bien meilleure que celle actuelle à bien des égards, et cet état de fait fera sans doute consensus. Si au niveau musical, chaque année nous réserve son lot de pépites, parmi les plus surprenantes et les plus qualitatives de 2019 on avait eu la surprise d’avoir un très grand premier album de Summer Walker, Over it, dont la pochette était de surcroit des plus iconiques. Largement acclamé par la critique, par le grand public comme par ses paires (on retrouvait notamment 6Lack, Drake ou encore PARTYNEXTDOOR sur la tracklist finale) c’est pourtant dans une relative discrétion que sortait le 10 juillet dernier son nouvel EP, successeur direct de ce premier coup d’éclat. Intitulé Life On Earth, la jeune femme semble conforter avec ce 5 titres son aisance à faire revivre un R&B aux influences 90’s qu’elle maitrise décidément tellement bien qu’on pourrait croire que c’est une époque qu’elle a réellement connu.

Summer Walker a seulement 24 ans au moment où sont écrites ces lignes. Originaire d’Atlanta, la jeune femme travaillait dans un strip club au moment où elle a décidé d’apprendre elle-même la guitare. Quelques démos, sorties plus tard et le titre Girls Need Love apparaissait sur le projet Last Day of Summer qui aurait pu rester dans un relatif anonymat si un certain Drake n’avait pas repéré le morceau avant d’y poser un verse sur une version pour Over it. Comme on le sait tous, un remix de votre titre par Drake vous ouvrira forcément toutes les portes du monde. Summer Walker était alors libre de prendre la grande porte qui s’offrait à elle pour faire une entrée fracassante avec ce premier album dont les featurings apparaissaient comme la meilleure caution possible.

Sur ce projet on retrouve l’un deux, PARTYNEXTDOOR, qui offre sans doute le meilleur titre du projet sur le son My Affection. Les deux artistes errent certes dans les mêmes sphères d’un R&B des plus cheesy, très nostalgique de ce son de années 90. Certes l’immense majorité des paroles de R&B sont orientées vers les relations amoureuses mais le titre reste un morceau plutôt léger, à la rythmique beaucoup moins conventionnelle que les paroles légèrement superficielles. L’autre invité de ce projet se prénomme NO1-NOAH, newcomer de New York, il apparait sur les titres SWV et White Tee sans réussir à fournir le même dynamisme que le fait son homologue canadien. Si le contraste entre la voix de Summer Walker et son côté très mélodique voire mielleux pouvait apparaitre comme intéressant, le résultat final manque cependant de finesse.

Sur White Tee par exemple, c’est bien le second couplet de la principale intéressée qui vient réveiller le titre quelque peu alourdi par un usage de l’auto tune sans valeur ajoutée et une froideur assez antinomique avec la sensualité du R&B. Enfin les titres solo en introduction et en clôture du projet sont de bonnes ballades dans lesquelles Summer Walker s’adonne à un exercice sans grande difficulté pour elle. Let it go laisse la part belle à une guitare un poil facile mais somme toute efficace pour un morceau sur l’amour à sens unique.

Ce n’est pas long 16 minutes pour un projet, mais c’est suffisant pour se rendre compte que même si Summer Walker maitrise parfaitement ses sonorités, qu’elle le fait et le fera à nouveau avec brio, il manque une once de passion et d’investissement dans ce projet. Life on Earth est un bon projet mais c’est un projet accessoire qui semble seulement avoir vocation à créer une actualité, certes plaisante, avant le prochain album. Mais bon, vu l’été qui arrive, la rentrée, l’année, 6 titres de douceur et de baume au coeur ne peuvent pas faire de mal.