“ Les Hommes mentent mais pas les chiffres ”, c’est ce que scandait Kaaris sur Zoo en 2013. Même si l’interprétation peut être fausse selon le contexte (une augmentation des streams peut résulter d’une forte exposition médiatique) il est préférable de se baser sur d’autres critères pour l’aspect qualitatif, comme la curiosité du public par exemple. Et cette curiosité se retrouve avec les ventes du premier album de Gambi, La vie est belle, car ce dernier a réalisé un peu plus de 10 000 ventes pour sa première semaine d’exploitation. Certains font mieux, d’autres moins mais ce qui est remarquable est d’avoir réalisé autant de ventes avec un premier album tout en ayant proposé une seule facette musicale.
Le poulain de Rec. 118 est controversé mais reste cependant mystérieux en n’ayant encore jamais donné d’interview. Sa musique peut parfois ne pas être prise au sérieux, pourtant cet album a su montrer qu’il sait aller au-delà du hitmaker en dévoilant une palette musicale complète mais fluctuante à l’avenir. En à peine un an, Gambi a montré ce vers quoi évoluera sa direction artistique. Une DA qui n’est pas appréciée par tous mais qui a, malgré tout, trouvé un public. Loin de l’époque du Mia d’IAM, l’artiste du 94 s’est développé avec un trio de morceaux destinés aux clubs. Trois tubes qui se sont logés rapidement en haut des charts, HÉ OH (single de platine), POPOPOP (single de diamant) et MACINTOSH ; il était intéressant de voir comment Gambi allait se défendre sur un album, cependant il était compliqué de l’imaginer sur un album d’une quinzaine de morceaux. Mais pourtant, il a su présenter un album solide, quinze morceaux dont trois supplémentaires pour la version physique, le tout avec un tracklisting cohérent aux côtés de producteurs talentueux.
Tout au long de La vie est belle Gambi vagabonde à travers les émotions qui l’ont parcouru depuis le début de son succès exponentiel. Avec le morceau d’ouverture, VIVRE, il saisit l’occasion de dévoiler une autre facette de sa personnalité, une facette plus douce, plus introspective, où il constate, d’un œil nostalgique, son vécu. Loin de son premier hit, HÉ OH, Gambi ne crie pas mais tend vers des morceaux doux lui permettant d’exulter sans oublier son style de prédilection ; les productions funk aux paroles simples et accrocheuses de notre époque.
Pour ce premier album, Gambi s’est entouré d’une équipe de talents. D’abord la pochette, réalisée par l’incontournable Fifou, faisant écho au morceau LOIN D’ICI. Ensuite pour les producteurs, son acolyte Ghost Killer Track répond présent sur trois morceaux dont un avec IBØ ayant notamment co-produit À l’ammoniaque de PNL. BBP de QLF Records, produit les morceaux nappeux aux ambiances très cloud rap. On retrouve également Ace Loocky, Vladimir Cauchemar, PapaPedro, Nachos, Diabi, Elyo du Panama Bend, Neuroz, Ponko et une certaine Annael avec une prod sonnant Midi les Zouzous pour J’DEVIENS FOU.
Bien qu’on ait soumis l’hypothèse que sa musique répondait avant tout plus à un enjeu économique que musical il reste quand même touchant que grâce à celle-ci il a pu par exemple voir la mer pour la première fois et réaliser petit à petit ses rêves en sortant de la misère. Une misère à laquelle, l’artiste originaire de la cité La Redoute dans le Val-de-Marne, rend hommage en lui accordant un morceau. Tandis que deux frères quittent la misère avec une larme à l’œil, Gambi, lui la remercie de l’avoir mené jusqu’ici. Pourtant celui qui tient son nom de scène de Childish Gambino montre quelques illusions de tristesse à travers certains tweets. La vie est belle est un album faisant voyager dès sa première écoute et permet à ceux qui sont dans la galère aujourd’hui et qui, en sillonnant la musique de Gambi, espère s’en sortir un jour aussi.