Dossard du numéro 23 floqué sur le dos

Tel le numéro 23 sur le parquet des Chicago Bulls, il tente une progression dans le rap français similaire à l’attaque en triangle des maillots rouges de 1997. Très productif depuis ces trois dernières années, l’artiste dont le nom de scène signifie « Dieu pardonne » à su rentabiliser sa productivité mêlée à du travail qui mène toujours à une qualité croissante. Après le deuxième volet de Dose De Moi et quelques échanges discrets d’extraits avec son public via WhatsApp ; Gianni redonne de ses nouvelles avec une nouvelle mixtape, XXIII : Bilan de vie.

Sa mélancolie autotunée peut étroitement faire penser à celle des deux frères des Tarterêts. Même si la comparaison n’a pas lieu d’être et que leur art est forcément différent, ils se retrouvent dans le même registre. Gianni pose sur des productions de Slaik (Coco et Veni Qui de DTF) et Sam H (À l’ammoniaque de PNL) des beatmakers familiers à ce qu’on appelle plus vulgairement le ” cloud rap “.

En vue de sa notoriété grandissante, l’auteur de Larmes Noires s’est entouré de nouveaux beatmakers bien connus pour leurs collaborations. En particulier Boumidjal, ancien membre du duo Double X ayant signé de grands tubes tels que Macarena pour Damso jusqu’à Sans visage de Kekra en passant par Gang d’Aya Nakamura ; mais aussi d’un autre duo qui existe encore, les Twinsmatic ayant notamment signé leurs plus grands classiques dans l’écurie 92i entre 2015-2017.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, un an après avoir figuré dans la liste des onze rappeurs à suivre de 2019 (par Booska-P), Gianni s’offre une connexion avec le petit protégé de Travis Scott, Don Toliver. Les deux rappeurs aux univers musicaux similaires l’ont démontré le temps du huitième morceau de la mixtape. Il est clair que cette collaboration n’est pas anodine, surtout lorsque c’est pour inaugurer son premier featuring. Les deux artistes se respectent et témoignent l’entrée d’une nouvelle ère pour les collaborations outre-Atlantique, loin d’une époque où les pops stars américaines s’en moquaient… C’est donc sur le morceau De la Hoya, que les deux artistes se retrouvent pour raconter une histoire d’amour et livrer ainsi une collaboration aussi douce et parfumée que ces fleurs de porcelaine.

Si, à vingt-trois ans l’artiste qui se partage entre le 77 et le 93 peut déjà exposer un bilan de (sa) vie c’est que la préparation de l’album risque d’arriver à grands pas de Nephilim. On vous laisse apprécier cette mixtape de douze titres aussi planants et nappeux les uns que les autres après un épisode de la série documentaire The Last Dance.