Unkle B: « A la fin des années 90, il n’y avait pas un accès facile à internet et donc à un catalogue de sons illimités, le seul moyen de choper du Hip Hop plus Underground c’était via les vinyles »

by @servane.illustration

Zoom sur Hip Hop de A à Z, bastion de la culture hip hop à Nantes. 

2020 signe le retour des soirées Hip Hop de A à Z avec une mensuelle au Lieu Unique, prochaine date le samedi 15 février. Au programme : dj sets & showcase, mixant à la fois un rap issu des années 90-2000, mais aussi des productions trap plus récentes, balayant la scène française et américaine. Pour tenter de mieux comprendre le concept Hip Hop de A à Z, à la fois dans leur histoire mais aussi dans leurs revendications, on a rencontré Ben aka dj Unkle B, l’un des piliers du projet. 

Ça fait donc 20 ans que les soirées Hip Hop de A à Z ont été créées, 20 ans où vous avez voulu mettre en valeur cette culture dans toute sa diversité. Comment t’es venue cette ambition?

En 2000 j’ai mes premières expériences radiophoniques à Reims où je commence à faire quelques mix, et en 2002 je débarque à radio Prun’ et je commence réellement à réaliser mes premières mixtapes. En 2005, avec Pick Up qui organise le festival Hip Opsession, on a l’ambition de créer une soirée retraçant l’Histoire du hip hop au Lieu Unique. Lors de cette soirée on était 5 djs uniquement nantais, à se succéder; l’idée était vraiment d’explorer entièrement cette musique, de la funk jusqu’à la grime. Finalement le concept a vraiment bien fonctionné donc avec Pick Up et le Lieu Unique on s’est mis d’accord pour en faire une trimestrielle avec à chaque fois des thématiques et un artiste invité. On a eu beaucoup de djs comme Atom (C2C), Fab & Kozi (Underground Explorer) ou B Loo, que des personnes qu’on estimait beaucoup. Ça va durer 3 ans jusqu’en 2008. A côté de ça j’ai continué à animer une émission qui s’appelait Flip Styles sur Prun’ avec des potes et souvent les gars de C2C passaient le jeudi pour faire une petite session scratch, c’était marrant. Après au de là de ça on était au moins 15 à 20 djs très Hip Hop sur Nantes, et la ville était réputée pour ça. A partir de 2009, avec Q Force, Pedro Kintero et dj B Loo, aujourd’hui appelé Jay Crate, on animait une émission à thème, un hebdo tous les lundis soir sur Prun’ : le Mixadelic Show. La première c’était At The Beginning en revenant sur le côté historique du hip hop, et puis on a creusé d’autres thèmes en essayant d’inviter une personne qui illustrait celui-ci comme des danseurs, des basketteurs, des sneakers additcs et en balançant des sélections en adéquation

Au final ça créé forcément une cohésion importante, un groupe assez soudé et passionné par la même culture? 

C’est ça, en fait l’émission a fédérée ce groupe, avec l’arrivée dès la seconde année de Douzyl, du Mc 2 One, des gars d’Old Jam puis des Djs One Up, Sweet Smoke et Lotfé et derrière il y avait aussi les soirées Soul Clap de dj B Loo. Au de là de ça, dans ces années 2010-2012 on commence tous ensemble à refaire des soirées Hip Hop de A à Z au Bier Garten avec toujours cette ambition de diffuser cette culture rap. Là on commence à intégrer le principe de MC, pour animer la soirée avec 2 One et Nero et on introduit les open mic. Il y avait pas mal de mecs du coin qui venaient comme Heskis, Fixpen SillPrince d’Arabee, Pepso, La Formule, Nina Kibuanda, Moossa (J Moses) ou les mecs d’Akalmy (JM & Trez). Ensuite c’est au Ferrailleur qu’on a posé nos platines et en y incluant des showcases plus longs en format Live. Après moi j’ai arrêté Prun’, j’ai mis tout ça en stand by et j’ai voyagé.

On se retrouve donc en 2019, qu’est ce qui va faire que tu reviens à ce projet qui était resté en suspend? 

Le programmateur du Lieu Unique me contacte et me demande si je mix toujours, je lui répond bah non haha. Mais l’idée m’a chauffé, j’ai donc contacté Trez d’Akalmy avec qui je suis resté très pote au-delà de la musique et je lui propose de venir, finalement la soirée fait un carton. On a discuté avec le L.U pour remettre ça car on a eu beaucoup de très bon retours du public. Finalement des soirées gratuites de mix purement hip hop / rap y’en presque pas sur Nantes.

A la fin des années 90, il n’y avait pas un accès facile à internet et donc à un catalogue de sons illimités, le seul moyen de choper du Hip Hop plus Underground c’était via les vinyles (les maxis principalement) dans des shops tels que Oneness Records à Nantes

Et donc pour 2020 on peut parler d’une résidence? 

C’est ça, on part sur une mensuelle avec Matthieu aka Trez. Les soirées auront la même composition: de 22h00 à 23h00 ça va être du mix orienté vis à vis de l’artiste qu’on a invité, puis 23h00 à 23h30 on aura le showcase d’un rappeur nantais. Ensuite on repart sur du mix pour chauffer les gens, et enfin à 0h00 c’est la Battle des légendes. Cette battle c’est l’idée de se faire affronter 8 artistes par round, avec 2 morceaux chacun, là on fait voter les gens, ainsi de suite jusqu’en finale. La dernière fois on s’est retrouvé avec une finale NTM face à Nas. Enfin la dernière heure et demi ça va être du mix plus énervé, ça peut être très dansant comme très hardcore, on se laisse pas de limite.

Que penses-tu de la nouvelle scène? Que ce soit française ou américaine, est-ce que tu vas checker  ce qui sort ou alors tu es assez recentré sur les années 2000-2010? 

Moi si tu veux j’écoute que des trucs nouveaux. En ce moment je suis bloqué sur La Hyène, c’est un peu ma claque française du moment. Après y’a Kery James que j’aime beaucoup, de toutes les époques d’ailleurs, un mec qui est engagé socialement et moi ça me touche beaucoup. J’ai besoin qu’il y ai du fond, après j’aime beaucoup la forme mais le problème c’est que j’écoute et j’oublie; j’ai besoin d’avoir de l’émotion. Sur la nouvelle scène y’a Rémy d’Auber aussi que j’aime beaucoup, que ça soit ses prods ou sa technique. Après parfois je ne fais pas l’effort car il y a trop de choses mais il peut m’arriver d’écouter des choses mainstream comme Orelsan. Si c’est connu et que c’est bien tant mieux pour eux. Par exemple je suis capable d’écouter de l’auto-tune aujourd’hui, si c’est cohérent ça va pas forcément me déranger. Y’a de plus en plus de chant dans le rap, mais le plus important pour moi reste la qualité de l’écriture.